Trouvailles du samedi 12 février 2022

Un peu des autres, pour vous.

Exterminez toutes ces brutes

Exterminez toutes ces brutes

Cette phrase est prononcée par un personnage du récit de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, un livre étudié dans le cadre de mes études de cinéma, en parallèle d’une analyse méticuleuse du film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. C’est aussi la phrase choisie par Sven Lindqvist comme titre de son essai racontant le voyage d’un homme qui traverse le désert du Sahara et parallèlement remonte le temps à travers l’histoire du concept d’extermination.

C’est enfin la phrase qui, selon Raoul Peck, résume ce qui relie dans un même mouvement historique l’esclavage, le génocide des Indiens d’Amérique, le colonialisme et la Shoah.

Le film revient sur ce qui nous imprègne tou·te·s. Nos silences comme nos croyances. Les images et les faits sont durs. La démarche de Raoul Peck, entre voyage dans le temps, documentaire, fiction, raconte de manière radicale l’histoire de l’Occident telle qu’on ne veut pas la voir. Une démarche nécessaire qui nous laisse avec beaucoup de matière à réfléchir tant elle déconstruit une histoire que l’on nous a appris à avaler sans questionnement.

Tissant avec une grande liberté de bouleversantes archives photo et vidéo avec ses propres images familiales, des extraits de sa filmographie mais aussi des séquences de fiction (incarnées notamment par l’acteur américain Josh Hartnett) ou encore d’animation, il fait apparaître un fil rouge occulté de prédation, de massacre et de racisme dont il analyse la récurrence, l’opposant aux valeurs humanistes et démocratiques dont l’Europe et les États-Unis se réclament. (…) De l’Europe à l’Amérique, de l’Asie à l’Afrique, du XVIe siècle aux tribuns xénophobes de notre présent, il déconstruit ainsi la fabrication et les silences d’une histoire écrite par les vainqueurs pour confronter chacun de nous aux impensés de sa propre vision du passé.

arte.tv

Exterminez toutes ces brutes – Raoul Peck
Encourage vivement à découvrir et partager le film jusqu’au 8 avril 2022.

La Jeune Fille à la perle, tout près

Où l’on peut s’approcher de très près du portait si célèbre. Composer une intimité avec La Jeune Fille à la Perle de Johannes Vermeer ? C’est ce que nous propose le site « micro-pano ».

quand la perle devient un paysage

Entrez en relation avec la jeune fille à la perle.

Marwencol

Welcome to Marwen – Robert Zemeckis (2018)

C’était une soirée, je me rappelle être descendue à la cave, la prendre dans mes bras, m’étonner de son poids et l’avoir remonté à l’appartement familial. Je n’en revenais pas de sa beauté, de sa simplicité. Je me rappelais du bleu des petits volets.

Ce coup de tête avait en réalité était construit en moi depuis plusieurs semaines où, étant tombée sur une photographie d’une maison de poupées victoriennes je m’étais rappelé du plaisir que j’avais à y jouer avec ma sœur. J’ai (re)découvert l’art des maisons de poupées. Je me suis dis que j’allais « retaper » celle que mon grand-père avait construit pour ma sœur et moi.

C’était une autre soirée, mon père avait ramené Welcome to Marwen, un film de Robert Zemeckis. Le film reprend l’histoire réelle de l’artiste Mark Hogancamp qui a été violemment agressé dans un bar et laissé pour mort par ses agresseurs. Cette attaque l’avait plongé dans le coma. Lorsqu’il s’est réveillé, il avait perdu beaucoup de son autonomie physique. Il avait aussi perdu la mémoire. A la suite de cette agression, Mark se réfugie dans la création d’un monde en miniature. Il invente une ville belge occupée par une troupe de femmes courageuses. Avec lui – personnifié par une figurine également – la troupe résiste et tue des nazis venant chaque jour envahir la ville.

Le film mêle des prises de vues réelles et capture de mouvement pour nous immerger dans le monde double de Mark Hogancamp, interprété par un très émouvant Steve Carell. Alors que ses histoires se développent à l’échelle 1/6ème, Mark doit garder un pied dans le monde réel, car il va bientôt se rendre au procès de ses agresseurs.

les femmes qui ont accompagnées Mark Hogancamp dans son cheminement thérapeutique et créatif

Vous recommande ce film sur la résilience, le lien aux autres, la créativité.
Par ailleurs vous pouvez retrouver les œuvres du véritable Mark Hogancamp sur son site, Marwencol. Vous y trouverez également le documentaire dont s’est inspiré le réalisateur pour fictionnaliser l’histoire.

Les coquilles aux images fantômes

Tina Rowe est une artiste qui avait pour ambition de développer des portraits d’adoptés transraciaux sur des coquilles. Ayant récupéré une boîte de négatifs dans un vide grenier, elle décide de les utiliser pour s’entraîner. Et c’est ce qui a donné son projet final.

Ces négatifs semblaient plus adaptés car les sujets sont vraiment perdus, sans noms, il est possible de deviner leur époque au vue de leurs vêtements mais les relations qui les lient ne sont pas claires. Placer ces images sur les coquilles et les exposer parmi d’autres objets ramassés dans la Tamise, tout en encourageant le public à les ramasser, les examiner, signifiait que ces visages étaient vraiment regardés, vraiment vus, ne serait-ce que l’espace d’un instant.
– Tina Rowe.

Projet détaillé et vidéo ici : Oyster Shell Ghosts.

2 commentaires

Laisser un commentaire